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La dentelle est avant tout un ouvrage léger et décoratif à motifs ajourés, que l’on réalise avec un ou plusieurs fils de coton, de lin ou de soie. Contrairement aux jours ou à la broderie, la dentelle n’est pas travaillée sur un support de tissu : elle est entièrement élaborée avec du fil, souvent à partir d’un dessin ou d’un modèle. On distingue deux grands groupes : le travail à l’aiguille, à base de points de feston, et celui aux fuseaux, technique d’entrecroisement des fils.

Dans le langage courant, pourtant, la notion de dentelle couvre un vaste domaine aux frontières floues. C’est ainsi que l’on baptise improprement « dentelle » des techniques aussi variées que la frivolité, les broderies sur tulle et de type Richelieu ou broderie vénitienne, de même que certains ouvrages au tricot ou au crochet, comme la dentelle d’Irlande, par exemple.


Le fil utilisé est du lin, de la laine, du chanvre ou quelquefois de la soie. Avant que les fils ne soient résistants, la dentellière travaillait à l'aiguille (NON). L'unique outil de la dentellière est le carreau, aussi appelé tambour ou métier. Pour être complètement précis, il faut y ajouter les épingles à tête, les fuseaux (aussi appelés broquelets à Valenciennes ou bloquets à Lille), le dessin de la dentelle et surtout les mains de la dentellière, éléments le plus important.

 

Chaque région possède son point : d'Alençon en Normandie, de Valenciennes en Artois et en Flandre, d'Esprit au Puy.


Peu à peu, des centres dentelliers furent créés en Europe. Venise et plus tard Alençon se spécialisèrent dans la dentelle à l’aiguille, tandis que la dentelle aux fuseaux était fabriquée en Belgique (Bruxelles, Anvers, Bruges), en Italie (Milan), en Allemagne de l’Est (Annaberg, Schneeberg), dans les comtés du centre de l’Angleterre, ainsi que dans la petite ville de Tonder au Danemark.

 

En France, les dentellières sont très localisées. Citons tout d'abord Le Puy-en-Velay, tête de proue de la dentelle d'hier et d'aujourd'hui. Citons aussi la Normandie, Alençon bien sûr, mais aussi Caen. N'oublions pas non plus le Nord et le Pas-de-Calais avec Calais, Valenciennes, Bailleul, Arras...


Pendant des siècles, anonymement, la dentellière a produit ce tissu ajouré composé de fils enlacés. Assise sur le pas de sa porte ou éclairée par une bougie au coin du feu, inlassablement, ses doigts font valser les fuseaux. Les fleurs, les rosaces, les festons naissent comme par magie de cette danse effrénée.


Le travail de la dentelle exige une certaine formation qui avait lieu jadis en famille, en apprentissage ou, au XIXème siècle, dans des écoles spécialisées. Dans les régions à tradition dentellière, l’enfant s’initiait à cet artisanat vers sept ans, parfois déjà dès sa cinquième année ; les carreaux ou coussins aux dimensions réduites étaient aussi courants que les modèles miniatures de fers à repasser. L’éducation des fillettes avait souvent pour but principal - voire exclusif - l’apprentissage des techniques de la dentelle aux fuseaux ou à l’aiguille.


Dans les orphelinats administrés par l’Eglise ou par l’Etat, les petits pensionnaires se livraient à cette activité en contrepartie de leur entretien. Le travail des enfants était alors fréquent, notamment dans les manufactures anglaises ; en Suisse également, les plus jeunes - dès six ou sept ans - apportaient une contribution au budget familial en oeuvrant chez eux sur des machines à broder. Comme dans les autres secteurs de l’économie, les conditions de travail occasionnaient diverses maladies et une mortalité précoce.


Au XIXème siècle, l’enseignement tenta de s’organiser pour permettre aux ouvriers des manufactures de rivaliser avec les machines. Des écoles d’Etat se mirent à assurer la formation des professeurs. De nombreux dessinateurs de modèles firent leur entrée dans l’industrie à cette époque. La scolarisation obligatoire jusqu’à douze ans fut l’un des facteurs du déclin de la production dentellière enfantine, au même titre que l’arrivée de la mécanisation de la dentelle  et le désintérêt général pour une profession difficile et mal rétribuée. L’Etat français se préoccupa au tout début du XXème siècle de stimuler l’enseignement dentellier, en particulier en Normandie et en Auvergne, mais il ne put empêcher le coup de grâce porté à la dentelle par la première guerre mondiale.

 

Un certain nombre d’écoles ont survécu à toutes ces vicissitudes, notamment à Alençon, Valenciennes, Bailleul et au Puy-en-Velay. C’est dans cette dernière ville, et à l’initiative de Mick Fouriscot, que le président Giscard d’Estaing a permis en 1976 la création d’un Atelier Conservatoire national de la dentelle du Puy, dont Madame Mick Fouriscot fut le directeur. Cet atelier est rattaché aux Manufactures Nationale Gobelins, Savonnerie et Beauvais. Le but recherché dans cette création est de permettre à cette technique de perdurer au-delà de la mode et des vicissitudes. Les personnels sont devenus fonctionnaires de l’Etat. En Belgique et en Angleterre, des structures privées ont été mises en place pour sauvegarder l’enseignement de la dentelle. L’intérêt du public pour cet artisanat se fait plus marqué depuis les années 1980, comme l’indique, dans les régions dentellières, le succès de nombreux cours du soir et des stages, souvent prévus pendant les périodes de vacances.


Des musées ont su préserver le patrimoine dentellier que ce soit à Mirecourt, Retournac, Calais, Le Puy-en-Velay Alençon (dentelle à l’aiguille), Argentan, et bien d’autres

 

 

Femme du Midi et ses costumes de tradition. Malgré le manque de documents précis, il semble que sous l’ancien régime, les costumes régionaux des jours de fête étaient assez simples. Mais avec la révolution, les mœurs évoluent, les femmes soignent de plus en plus leur mise et leur coquetterie se porte essentiellement sur les coiffes. Les simples bonnets portés jusqu’alors prennent de l’ampleur, quelquefois trop, et s’agrémentent d’une profusion de dentelles. Les coiffes provençales n’atteindront jamais le volume des bretonnes ou des normandes, par exemple, mais la « couqueto » marseillaise est déjà très importante.


Les coiffes d’artisanes ou de bastidanes sont bordées d’une bande de dentelle légère, facile à tuyauter. Souvent étroite, à cause du prix, elle est élargie par une bande de mousseline de coton ou un ruban de tulle. Les plus riches comportent de belles dentelles aux fuseaux aux noms prestigieux : Valenciennes, Malines, Binche… Les plus courantes sont bordées de dentelles imitant ces dernières et réalisées à Lille, Le Puy-en-Velay, Le Havre, Dieppe, Bayeux, Caen.

 

Le vêtement obéissait à une codification sociale forte concernant l’âge, le rang, la richesse. Il transmettait à l’extérieur des signes de reconnaissance : appartenances et différences qu’il n’était pas question de transgresser. Ainsi les gens du petit peuple qui se fournissaient en vêtements auprès de nombreux fripiers ne manquaient pas de réadapter à leur condition (en retirant certains décors par exemple). La façon de s’habiller selon l’état était décrite dans les traités de bienséance.

 

Bien que l’on sache peu de choses d’une confection provençale, le Trésor Félibrige, de Mistral, donnant le terme « couissin de damo » (coussin de dame) pour designer le carreau, on peut penser que nos aïeules ont fait de la dentelle au fuseau.


De nombreuses familles provençales possèdent des carreaux de dentellières dans leur grenier, ce qui tendrait à prouver que la confection de la dentelle aux fuseaux était assez répandue chez nous. On a retrouvé des métiers, et un vieux cahier d’écolière nous apprend que la confection de la dentelle du Puy était enseignée en 1926 à l’école primaire de Salernes (Var).

Couvige (cum viccinus en latin qui veut dire entre voisin)

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